Interview par Pierre Derensy
STEPHAN EICHER
SANS DOMICILE CONNU :
Stephan Eicher est un passeur. Une sorte d’alchimiste musical toujours à la recherche d’une nouvelle mélodie. Mais également un passeur d’idée sur différents thèmes. Quand il vous reçoit, il disserte une heure sur un livre qu’il a contribué à faire traduire en français et s’enfuit ensuite dans une critique acerbe de l’univers du disque. Tout le monde en prend pour son grade : le monde, les gens et surtout lui-même. Revenu de mille combats et de 1000 vies après avoir brillé de mille feux, flamme vacillante pleine de doutes, il se contenterait bien d’un coin d’ombre tranquille avec son public. Prendre des risques, aller où personne ne l’attend, voilà ce qui l’intéresse à présent. Il nous parle de sa collaboration passionnelle avec Philippe Djian et ferme un pan de sa vie, à l’aube de la quarantaine, avec ce best-of : « Hotel*S » aux multiples facettes, comme un vitrail magnifique, comme un livre philosophique, comme son auteur…
Alors Stephan, est ce que dans les 19 titres de ton best-of, il y a des mélodies décrites par Helmut Krausser dans son livre :
Non. Pas dans le best-of. J’ai lu le bouquin après avoir fini de compiler toutes les chansons mais ça va m’influencer dans les musiques à venir. Ce livre est très troublant pour moi…Je vais te raconter une histoire : une amie qui est pianiste classique m’a parlé d’un certain Kapsberger (1580-1651), un joueur de luth. Il paraît qu’en écoutant Kapsberger l’on pense à Stephan Eicher sur certaines de mes chansons. J’étais intrigué et j’ai commandé le disque. Je l’ai écouté et comme cela sonnait moderne, cela m’a vraiment surpris et plu. Plus tard, j’ai commencé à lire Mélodie de Krausser, et au fil des pages, on s’aperçoit qu’il y a un des possibles mecs qui a trouvé les mélodies, qui s’appelle Kapsberger… Je note la chanson qui a peut être recelé l’alchimie musicale. Je mets le CD de Kapsberger dans ma platine et j’écoute : rien ! Je regarde le livret du CD, je remets à la piste 5 toujours rien… et là, je vois qu’il y a une petite note tout en bas du livret qui dit que le gars qui a joué la pièce de Kapsberger a tout joué comme c’est noté par Kapsberger dans sa partition qui date du XVIème siècle, sauf la danse n°5 car l’imprimeur de l’époque a fait une faute. Et lorsque l’on joue comme c’est écrit dans la partition : cela sonne totalement faux, ce n’est pas le contrepoint comme on le faisait dans le temps. Ce… connard… a enlevé le côté « magique » de la chose… Toute cette histoire pour en arriver au fait que cette pianiste, qui ne connaissait pas le livre et tout ça, m’a dit qu’à chaque fois qu’elle écoute Kapsberger elle pense à moi… alors peut être il y a quelque chose… dans ma musique…
Pourquoi sortir un
best-of plutôt qu’un nouvel album ?
Cela fait 5 ans que ma maison de disque me demandait de sortir une espèce de compilation…et je répondais toujours que cela ne m’intéressait pas. Que j’étais trop jeune. Je leur disais que j’avais pas assez écris de chansons pour faire une compil et surtout que c’est la prochaine chanson qui m’importe… mais… parallèlement vers l’année 2000, il y a eu plein de changements dans ma vie professionnelle…et personnelle aussi, et tout à coup cette idée de faire une compilation du passé ça m’a semblé comme quelque chose de sain pour ma créativité. De se dire : ça j’ai fait. Maintenant je vide ma tête et je peux trouver une nouvelle page blanche. Il faut fermer quelques autres pages et les mettre de côté.
Et le titre Hotel*S d’où vient-il ?
C’est en cherchant
ce que pourrait donner ce disque. En fouillant dans mes archives, j’ai
remarqué que le plus de maquettes que j’ai, les pochettes je les
ai faites avec du papier des hôtels.
Je me suis rappelé qu’une certaine chanson je l’ai faite dans un
hôtel, qu’une autre je l’ai écrite dans un hôtel, que j’ai même
enregistré tout un album dans un hôtel. Carcassonne a été enregistré dans
un hôtel. Et j’en ai conclu que depuis 20 ans je vis dans les hôtels.
C’est devenu comme un espèce de thème autour de ma vie et de mon travail. Ma
maison : c’est les hôtels. Parallèlement, le 31 mars, ils ont détruit
le fameux Hôtel Hess à Engelberg et comme souvenir, ou comme pour tirer le
chapeau : Hotel*S cela peut être hôtel comme Stephan ou plusieurs hôtels
ou alors pour un français cela devient en prononçant
le S : Hotel Hess le fameux hôtel qui n’existe plus. Et comme ça,
toutes ces histoires mises bout à bout… et puis ça m’amusait de faire
toute une pochette autour de ce thème. Par exemple, sur le disque si
quelqu’un veut essayer la chanson numéro treize c’est impossible car dans
les hôtels il n’y a pas de
chambre 13. Il y a plein d’autres choses dans ce disque, aussi la pochette est
comme un hôtel. J’ai besoin de petites choses comme ça qui m’inspirent
pour trouver des détails, trouver des trucs qui me font marrer en espérant
qu’après le public se marre aussi.
Et dans ton hôtel on pourra, soit réserver une chambre simple avec un CD ou une chambre double avec un deuxième CD ?
En fait, on est allé
dans le délire. On s’est dit OK : on peut aller dans un hôtel 1 étoile,
et là on va vraiment pour dormir
et pas pour boire un thé ou pour se reposer. Mais il y a aussi des hôtels un
peu plus chics où il y a deux pièces…
Et on a eu l’idée de faire une version standard : 1 étoile et une
version 4 étoiles. La 4 étoiles c’est vraiment pour les fans. C’est un
petit peu plus cher, mais il y a deux disques et sur le deuxième j’ai remis
toutes les bandes que j’avais complètement oubliées qu’elles existaient.
Des versions étranges, par exemple « Pas d’ami… » en cambodgien
ou encore Philippe Djian qui lit un texte, et quand je l’interroge il se fâche.
Des trucs comme ça. Mais c’est plutôt pour les fans.
Tu sembles avoir mis plus de soins dans ce second CD que dans le best-of en lui-même ?
Absolument. C’est
aussi que, si tu mets seulement les tubes, à la fin cela semble comme
quelqu’un de très talentueux. Si tu écoutes le disque, même moi j’ai été
surpris et j’ai dis « j’ai fais tout ça !
c’est quand même beaucoup hein… » mais c’est pas ça arriver
à un tube : tu as peux être
huit autres chansons que j’aimais autant mais auprès desquelles le public
n’a pas accroché. Et avec le deuxième disque j’ai essayé de faire une
contrebalance. Il y a ces chansons qui sont très connues ok, et il y en a aussi
d’autres, moins connues et que j’aime autant.
Tu sors sur ce best-of, un inédit qui s’intitule « elle vient me voir », qu’on avait déjà pu entendre sur une vidéo il y a 5 ans, mais jamais en disque. Tu l’insère dans ce disque car elle te semble à maturité dorénavant ?
Oui c’est ça. Ce
qu’il faut dire c’est que, de faire un best-of , honnêtement ça me fait
encore un peu chier. De choisir moi même les chansons ou même la maison de
disque qui fait un choix, c’était inécoutable. Alors, j’ai eu l’idée de
donner le choix au public. Parce que je suis sûr qu’il y a pleins de gens qui
se disent « Ho eicher j’aime pas tout, il y a quelques chansons… »
et il y a une autre personne qui
dit « Moi j’ai tout, je te fais une compil » et je me disais :
ça c’est sûrement ce qui est intéressant. Que ce soit le public qui
choisisse. J’ai donc installé
une petite machine sur mon site Internet pour laisser des messages et voter pour
les chansons préférées. Et moi à la maison j’étais comme à la bourse, je
regardais les courbes et je voyais cette chanson là
qui montait et une autre que j’aimais qui descendait…Jusqu’au
moment où l’on a dépassé un certain chiffre, un certain temps
et l’on ne pouvait plus
bouger. Et pour moi c’était ça ma
compilation. J’ai écouté le choix des gens et je me suis dis ça sonne
vraiment bien.
…
Mais tout le monde a
aussi écris « on veut des inédits ». Au début la maison de disque
m’a simplement dit : vas-y
écris ! Mais je leur ai répondu :
comment ? vous imaginez, on met 18, si on peut les appeler tubes, et
maintenant je m’assois et j’écris 8-1 nouveaux tubes, car chaque fois
c’est basé sur tout un disque avec 8-10 titres pour 1 tube, où la chanson
phare c’est un 45 t, un travail, une tournée, un clip, les radios, les médias
qui aident pour que cela devienne un tube. Je peux pas m’asseoir et écrire un
tube comme ça en claquant des doigts. Si je le pouvais je le ferais chaque
jour. Mais comme je cherchais toujours « un inédit-tube » j’ai
trouvé plein de chansons qu’on a jamais sorties, et notamment « elle
vient me voir » que j’ai toujours aimé mais que je n’ai jamais su
mettre sur Carcassonne… et j’ai dis tout à coup, ho celle-là elle peut
marcher dans le best-of. Et effectivement elle sonne bien au milieu des autres.
Tout le monde sait que tu collabores avec Philippe Djian, et à ton avis, est ce qu’il écrit des chansons qui parlent de toi ou qui parlent de lui ?
Au début cela parlait
de lui, on discute chaque fois un peu où l’on va, comment, etc… au milieu
il a commencé à imaginer que
c’est ma personnalité qui chante et c’est devenu un espèce de personnage mélangé
entre lui et moi,
et les dernières choses que l’on a travaillé, c’est devenu un
nouveau personnage, qui tend plus comme un scénario de film.
Au début c’est lui
qui a trouvé un chanteur qui peut chanter ses chansons, sa vie. Au milieu il a
trouvé un mélange et là dernièrement à partir de « 1000 vies »,
cela devient des… des… comme je le vois hein,
peut être que je suis totalement fou. Si tu vas demander à Philippe, il
va te dire que le mec est totalement fou, il est con et qu’il a rien
compris… en tout cas c’est comme ça que moi je le vois.
Votre collaboration semble s’affiner au fur et à mesure des albums ?
Pour moi cela devient
trop pointu. Sur « Louange » c’est devenu presque douloureux. Pour
l’autre personne. Pas pour le
chanteur, car le chanteur c’est
lui qui gueule et l’autre qui peut pas répondre. C’est simplement un
chanteur, c’est pas des duos. Moi je préfère une chanson comme « Rivière »
car chacun peut trouver sa place. Alors que parfois c’est si précis, c’est
comme un scalpel. C’est très fort dans l’écriture de Philippe.
Dans ta musique aussi ?
Oui parce que je dois
courir derrière ça, je peux pas après faire une musique totalement new have
avec des textes comme ça…
Une symbiose ?
Ouais, ouais, après
douze ans de travail on arrive à ça. Les vieux couples c’est ça !
Tu aimes modeler tes chansons différemment dans tes concerts, selon les époques, est ce un jeu, un moyen d’éviter la lassitude ?
C’est ni l’un ni
l’autre, c’est simplement vital. Sur une longue tournée cela peut devenir
une obsession de pas chanter la chanson deux fois de la même façon. Chaque
jour je suis une autre personne, tu te lèves, une fois tu bois un café, une
autre fois un thé et parfois tu n’as pas le temps d’en prendre. Et puis tu
vieillis quoi, tu apprends des choses, tu oublies des choses. Et je trouve très
important dans mon métier que tout ça m’ influence quand j’interprète une
chanson. J’aurais horreur de la même chose chaque soir. J’ai un ami batteur
qui fait depuis deux ans une tournée
avec une grande-grande star mondiale et il en peut plus. C’est depuis le
premier concert : la même
chanson, la même vitesse, la même émotion, même les mêmes mots entre les
chansons. C’est comme un boulot, il sent qu’il va à l’usine…. Je lui ai
dis « reviens jouer avec moi, chez moi tu es sur du contraire »…
mais il m’a répondu que chez moi c’est
différent, c’est un peu fatiguant car chaque soir on se dit qu’est ce
qu’il va nous faire (rire)…
Après la tournée qui a suivi Carcassonne, tu as coupé les ponts et tu es parti à l’étranger, c’était une nécessité ou une envie ?
Après cette tournée je
n’ai plus eu de nécessité ou d’envie. C’est peut être la raison qui
m’a poussé à partir. J’étais vraiment vidé, fatigué. Mes amis et moi on
a discuté de ce qu’on faisait comme prochaine chose. Attaquer tout de suite
un disque ? j’ai dis non ! continuer la tournée ? j’ai dis
ha non surtout pas ! et puis j’ai remarqué que mine de rien j’ai
jamais voyagé dans la vie. J’ai toujours voyagé pour mon travail, j’ai vu
des choses incroyables. Mais j’ai commencé à faire de la musique à 18 ans
et normalement à 20 ans on essaye d’aller en Thaïlande, en inde, en Amérique
du sud, ou à New-York, traverser le continent… Moi,
j’ai pas eu le temps pour réaliser ça et voilà pourquoi
j’ai émis l’idée de voyager, et comme je suis quelqu’un qui aime
travailler, j’ai dis : si on peut mélanger ce voyage avec une tournée
dans des lieux où je suis jamais allé, dans des endroits où l’on ne va
pas…et on est parti en Asie, on a fait deux longues tournées en Afrique, on a
traversé tout le continent sud-américain. C’est enrichissant.
Et donc après tu es rentré pour faire « 1000 vies » ?
Non j’ai fais un autre
disque qui est jamais sorti… qui n’a pas de nom… J’ai arrêté à un
moment. 6 chansons en esquisse que j’ai laissé tomber.
Disons qu’après cette « pause » le métier, le public t’en a peut être voulu de les avoir abandonné ?
Oui, j’ai eu.. (il
réfléchit)…c’était une phase très confuse, et dans cette phase confuse,
aller faire le tour du monde deux fois, aller dans des cultures, des langages,
des odeurs ça m’a rendu encore plus confus. Et le résultat c’était
« 1000 vies » qui est sûrement un des albums les plus intéressants
que j’ai jamais fait, un des plus riches, mais sûrement aussi le plus confus.
Je crois qu’il démontre assez bien mon état
d’esprit de l’époque, en dehors de la pochette que j’ai détestée, mais
que ma maison de disque et mon manager m’ont dit c’est génial-génial, j’étais
si confus que j’ai laissé passer une pochette que j’aimais pas. Et c’est
là, que j’ai commencé à freiner, à dire « non-non-non je me perds…
je quitte l’avion que je prenais tout le temps, je reprends le train et je
crois même je marche un peu ». Et pour le public et les médias ça a un
peu donner l’air que j’avais plus l’envie, que je n’avais plus
l’inspiration. Mais c’est pas du tout ça. C’est seulement que de temps en
temps ça va très très vite et pour un être humain, comme moi je suis fabriqué,
c’est pas toujours très très sain d’aller très vite.
Sur tes deux derniers albums on voit plus facilement percer ta personnalité propre alors qu’avant l’on voyait plutôt poindre l’icône du rocker français ?
Pas sur…Imagine que le
disque Carcassonne n’ai pas de succès, je
suis sur que les gens diront que
c’est sur celui-là que j’étais vraiment vrai. Tu vois il y a une très
grande marque de chaussure, et si cette très grande marque fait seulement une
paire de basket je crois qu’elle pourrait avoir une autre valeur, on pourrait
dire c’est agréable à porter, c’est pas lourd, c’est pas cher à
produire, eux ils gagnent beaucoup de sous… Mais maintenant c’est une basket
qui fait toutes les pubs, qui est à tous les pieds... Le caviar ici c’est
pour les riches alors que dans son pays d’origine on le jette. Je crois que la
quantité peut changer la valeur. Je crois que c’est comme ça dans notre société…
Par exemple, prend « Déjeuner en Paix », j’ai commencé
à pas le détester, mais à me lasser, « svp arrêtez avec cette
chanson »… et en faisant la compilation, j’ai ré-écouté les bandes
après très longtemps et je me suis dis, c’est vraiment bien. Mais dans le
moment j’en pouvais plus, je trouvais que c’était ringard, je me trouvais
comme un chanteur de variété mais finalement si tu entends l’intro avec le
quatuor tu te demandes comment ça a pu se vendre.
Actuellement, tu es sur scène avec « The lost and found orchestra » et tu as intégré Paul Personne sur certaines dates ?
Oui c’est comme son
nom l’indique lost and found, il y a des gens qui arrivent et d’autres qui
partent. J’aime beaucoup Paul et il m’a dit un jour qu’il n’avait
qu’une envie c’est d’être guitariste dans un groupe et pas Paul Personne
et quand le guitariste qui jouait normalement avec le lost and found est parti,
j’ai appelé Paul et je lui ai dit que j’avais un boulot pour lui. Et
il est venu comme ça.
Comment t’es venu l’idée de créer ce groupe interchangeable ?
C’est la faute de
cette compil, moi je voulais la sortir en mars, je voulais sortir Hotel*S le
jour où ils ont détruit l’hôtel à Engelberg. Je voulais faire une grande fête,
que tout le monde rentre et que les gens puissent garder la clef de la chambre
car on en a aurait plus eu besoin, et
en sortant ils auraient reçu ce best-of. Mais après… les maisons de disque,
aujourd’hui ils prennent beaucoup de temps, ils réfléchissent, ils sont
assez lents. Et ils ont toujours retardé la sortie. J’ai pris mon contrat, je
l’ai lu et j’ai demandé si je
pouvais sortir quelque chose chez quelqu’un d’autre. Sous le nom Stephan
Eicher ? non ! j’ai pas
le droit, mais c’est pas écrit si j’invente un nouveau groupe. Un groupe
qui s’appelle « The lost and found orchestra », là je peux faire
des disques, des concerts tout ça. J’ai dis à ma maison de disque : ok,
vous m’appelez quand vous aurez fini de réfléchir, jusque là je suis pas là
pour vous et j’ai formé ce « lost and found orchestra ». Je suis
seulement le chanteur et le guitariste de ce groupe pour quelques chansons,
autrement c’est pas mon groupe. Aussi pour des raisons de droit. Et c’est
appréciable de ne pas être le centre, d’être le musicien, de faire partie
d’un groupe.
Tu as aussi collaboré avec Vincent Ravallec sur son court-métrage ? tu comptes poursuivre dans cette voie ?
Je travaille sur
plusieurs projets. Là, j’ai produit un film. Un documentaire. Un enterrement.
Les dernières 24 heures de L’hôtel Hess justement. On a suivi la femme de
chambre, les cuisiniers, les invités… et à la fin on voit comment on détruit
l’hôtel. J’ai écris la
musique et le texte. J’ai d’autres projet mais je ne peux pas encore en
parler…
Vraiment, même pas un petit peu ?
Disons que je produis
des autres groupes, mais je ne mets pas mon nom. Parce que les groupes ont un
peu honte (rire). Non en fait, pas honte mais pour des petites
maisons de disquse : stephan eicher… non, il faut trouver autre
chose !
Y a même un groupe là,
je crois que si les gens autour savaient que c’est moi qui produit le son, ils
diraient on peut pas le sortir chez nous. (rire)
Tu as collaboré sur tes albums avec des groupes comme Nova-Nova ou Shelleyan Orphan. Le travail est-il différent selon le style de tes collaborateurs ?
Pas vraiment. Je crois
que si tu écoutes « My Place » où j’ai travaillé avec les
Sheleian Orphan et avec la distance :
c’est la façon dont c’est vendu qui est différent. Je crois que les
Sheleian Orphan ne sont jamais passé chez Druker. Moi j’ai eu la chanson de
travailler avec Philippe Constantin qui était le fondateur du nouveau Barclay,
il est arrivé et il a imposé un mec comme moi chez Druker. Mais c’est plus
difficile aujourd’hui, si je recommençais maintenant,
je crois pas que M6… va m’appeler pour chanter dans le loft.
Justement ne trouves tu pas que les chanteurs ont beaucoup de mal à trouver leur place à la télévision ?
Aujourd’hui il n’y a
plus de place ! ils ont même
arrêté NPA, le seul endroit où l’on pouvait jouer live. A un moment j’ai
pensé que c’était grave mais finalement cela ne l’est pas. Dans le sens où
cela nous force à être fort ailleurs. Peut être, imagine que tout à
coup tu vends des disques uniquement car tu fais des bons concerts. Imagine le
plaisir ! Le plaisir pour le public et les musiciens. De voir un concert
sur Internet de la taille d’un timbre, cela fait chier, mais aller vraiment à
un concert, d’avoir le grand son, avoir une bonne bière et cela éclate !
ça c’est le pied. Peut être qu’un jour avec le MP3, la peur des maisons de
disque des copies, peut être vais-je vivre dans deux-trois ans grâce à des
bons concert et pas grâce à des ventes de disques.
Par expérience de t’avoir vu plusieurs fois sur scène, je sais que c’est par les concerts qu’on arrive le mieux à toucher le plus « authentique » stephan eicher…
Absolument. J’ai
appris à chanter sur scène. J’ai tout appris sur scène. Et maintenant
j’ai un nouveau groupe… Au début cela me faisait peur, car tu sais ce qui
va arriver ? Il va peut être ne jamais avoir un disque, on sait pas, je délire
mais ça va être très cher. La place va être très cher. Il y aura une place
qui coûte 20 frs et l’autre 850frs. Mais c’est le même concert. Seulement
il y a quelque gens qui adorent payer très très cher. Si tu vas au concert de
Madonna, 80% de ce qui est joué, c’est même pas une
bande, c’est un ordinateur qui crache du son. Et savoir que cela coûte
une vrai fortune…. Et là je répète avec 15 musiciens qui ont appris du
violon pendant 30 ans et j’essaye encore que cela coûte 120 frs. Pas Stephan
Eicher, S.E on essaye de garder les concerts le plus bas possible. Mais le
« Lost and Found » je me disais 200 frs finalement : ça vaut
la peine (rire)…. Tu vois… j’ai des nouvelles pensées comme ça… peut
être qu’un jour je devrais gagner ma vie en faisant des concerts.
Ne devient pas Madonna quand même….
(Rire) Ca c’est le
titre de ton article. Je réfléchis. Je réfléchis. Même son dernier disque
il est pas si bon que tout le monde dit. Les choses que le mec de Taxi-girl à
produites je trouve cela pas mal. Il est pas fort cet album car il est pas cohérent.
Mais la musique, la production là,
chapeau ! bon après les chansons derrière c’est vraiment…
Bhen c’est Madonna…
Oui, oui voilà,
exactement. Et dire que j’ai fais « Like a virgin » sur scène
à Angoulême.
Tu as aussi repris Springsteen, Lou Reed…
Oui, et sur le best-of,
j’ai mis un collector incroyable Je fais un medley où je chante : Born
on the Leematquai et Sweet Jane et l’original j’ai du le couper.. Bruce
Springsteen et Lou Reed ont interdit la version que j’ai faite. Mais il y a un
mec qui l’a fait passer à la radio. Je l’ai enregistré et je l’ai mis
sur le CD 2. Comme ça moi je n’ai pas d’emmerde… C’est la maison de
disque qui va en avoir (rire)
Sur ta dernière tournée tu mélanges Déjeuner en Paix avec Twist and Shout des Beatles ?
Exact,
et Leed Zeplin sur Combien de temps... Je chante aussi « Tous les
cris les S.O.S » de Balavoine…
Dans quel direction compte tu aller dorénavant ?
Quel direction ? Je
sais pas…non en fait je sais ; même de façon un peu trop clair. Et
c’est grâce au best-of. Il m’a libéré la tête. Je sais surtout qu’est
ce que je ne dois pas refaire. Parce que les gens disent « mais pourquoi
tu n’écris plus des chansons comme « Ni remord ni regret ».
maintenant je peux leur dire de l’écouter sur le best-of et la place libre
elle va être occupé par quelque chose dont je ne veux pas parler précisément.
Mon métier c’est d’évoluer tout le temps, si je te parle d’un truc
aujourd’hui et qu’on se revoit dans un mois, l’évolution est déjà
apparue. Non j’ai peur de parler de quelque chose et les gens vont dire…
mais je te promets que je bosse. Quand ce sera fait on en reparlera mais pas
avant.
DERENSY PIERRE